Contenu de l'article du journal LE MONDE cité auparavant....
Catherine Grangeard : "L'alimentation peut
révéler des blessures"
Le Monde.fr | 16.10.2012 à 12h14 • Mis
à jour le 16.10.2012 à 16h12Par Pascale Santi
(Propos recueillis)
Psychologue et
psychanalyste, Catherine Grangeard prend en charge
des patients du service de gastro-entérologie du Centre hospitalier du
Montgardé à Aubergenville (Yvelines), candidats à une intervention chirurgicale
de rétrécissement de l'estomac. Dans un livre, Comprendre l'obésité, (Albin
Michel, 350 pages, 16,90 euros), elle montre, à travers des cas représentatifs
de tous âges et de tous milieux, comment le rapport à l'alimentation traduit la
relation à soi et aux autres.
Catherine Grangeard : Les personnes
obèses ne constituent pas une catégorie à part de la population. Mais bien souvent
l'alimentation peut révéler des blessures. Il faut s'occuper de la personne, de son histoire, de la place qu'a la nourriture dans
sa vie. Si c'est une compensation, on va essayer de savoir ce qui, dans son histoire, fait qu'elle entretient un rapport
désordonné à l'alimentation. Le corps peut, dans certains cas, être perçu comme
une carapace, nécessaire pour se protéger. Le psychanalyste doit alors écouter
une plainte qui s'exprime par le corps, car les mots n'ont peut-être pas été
trouvés.
Que dit le rapport à
l'alimentation ?
Il y a du psychique et du mental dans
notre rapport à l'alimentation. Le rapport à l'alimentation peut trahir la relation à soi. Essayons de traduire l'attitude paradoxale qui est d'entretenir l'excès de poids par un comportement excessif de trop manger ou mal manger et alimenter ainsi la plainte d'un corps qu'on n'aime pas. S'il s'agit de se donner un peu de plaisir, parce que la vie est insatisfaisante, c'est alors
la nourriture-récompense et compensation. C'est l'antidépresseur ou même quand
on craint plus que tout la décompensation. Il s'agit alors, en repérant cela,
d'agir à ce niveau plus qu'à celui du comportement alimentaire par un
régime, par exemple.
Le message "manger
moins, bouger plus", qui s'applique à tout le monde, ne peut être entendu que si la personne
n'est pas contrariée par autre chose. Se limiter à la question du poids et de l'alimentation peut compromettre les projets de perte de poids. Il ne faut pas faire croire aux personnes obèses qu'une chirurgie (ou un régime) va tout
résoudre.
La personne obèse a ses raisons, inscrites dans son histoire. Il ne peut être fait l'économie de se pencher sur ces "raisons pas raisonnables" qui agissent à son insu. Avec la nourriture, il peut y avoir un côté addiction, dans le sens de dépendance. L'attribution de qualités à la nourriture par une personne dépend de ce qui est en manque chez celle-ci, ce qui est en souffrance et réclame satisfaction. Par exemple, "ça me calme". Chercher le sens caché de cette quête diminue de fait le rapport de dépendance.
La personne obèse a ses raisons, inscrites dans son histoire. Il ne peut être fait l'économie de se pencher sur ces "raisons pas raisonnables" qui agissent à son insu. Avec la nourriture, il peut y avoir un côté addiction, dans le sens de dépendance. L'attribution de qualités à la nourriture par une personne dépend de ce qui est en manque chez celle-ci, ce qui est en souffrance et réclame satisfaction. Par exemple, "ça me calme". Chercher le sens caché de cette quête diminue de fait le rapport de dépendance.
Pascale Santi (Propos recueillis)
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novembre 10, 2012
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